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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

directeur, le banquier, sa mère, personne ne peut plus rien pour lui ; il est mort et enterré.

— Le plaisir passe et l’ennui dure, murmura Plant. Décidément, je préfère un opéra.

— Moi aussi, quand je veux rire, dit Andor attaqué dans son faible. Rien ne me semble aussi comique que de voir les chanteurs, parfois aussi le chœur, se grouper près de la rampe et chanter chacun à gorge déployée avec une grosse tache d’encre au milieu de la figure.

Plant n’écoutait que d’une oreille. Il venait de découvrir dans la loge des étrangers une jeune dame très-élégamment vêtue et d’une rare beauté exotique. Il avait dirigé sa lorgnette vers elle et la regardait sans discontinuer.

— Pour qui la prends-tu ? lui demanda Andor après avoir aperçu, lui aussi, l’inconnue. Pour une jolie enfant perdue, hein ?

— Je crois qu’elle peut tout aussi bien être une étrangère.

— Possible ; peut-être quelque Russe émancipée se rendant à Zurich pour y étudier la médecine.

Plant se mit à rire.

Dans l’intervalle, la salle est devenue d’acte en acte moins tranquille.

Les messieurs visitent les dames dans leurs loges, et, en pareil cas, il y a tant de dames mûres