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LA MORT N’ÉTAIT PAS INVITÉE

Elle entendit les paroles. Elle les eût devinées sans les entendre, car aussitôt les lèvres brûlantes du roi avaient cherché les siennes.

— Pas ainsi, murmura-t-elle en reculant. Si vous m’aimez, essayez d’oublier que vous portez une couronne.

— Que dites-vous, Hanna, s’écria-t-il ; je ne vous comprends pas. Je ne veux être que votre esclave.

— Voyez d’abord si personne ne nous écoute commanda-t-elle.

Elle était victorieuse et elle s’empressait d’user de sa puissance. Le roi parut un moment sur le seuil de la salle de bal et revint rapidement auprès d’Hanna.

— Personne ne peut nous voir, nous entendre, fit-il. Maintenant expliquez-moi…

— C’est très-simple, dit-elle en reprenant place sur le petit divan, mais de telle sorte que le roi ne pouvait s’asseoir auprès d’elle. On ne fait pas ma conquête comme on fait celle d’une actrice. Je veux être aimée, adorée ; je veux voir à mes pieds l’homme à qui j’accorderai mes faveurs, que cet homme soit un mendiant ou un roi.

Aussitôt le roi s’agenouilla devant elle et lui baisa les mains. C’était la première fois qu’il se courbait ainsi devant une femme.