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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/772

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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

tête. Gansélès eut tout à coup énormément d’argent ; Gansélès fonda une feuille satirique, la fit imprimer à l’imprimerie de la Cour et se donna pour un homme influent, important.

Dans une séance secrète des rédacteurs on discuta le programme et on chercha le titre. Les plus étranges propositions virent le jour. Le baron Reish fut d’avis d’appeler le journal « Münchheusen » ; Pfefferman opina pour : « l’École du vice » ; Gansélès fit preuve de culture classique en proposant pour titre : « le Sphinx ». L’habile dessinateur enrôlé pour l’entreprise montra une jolie vignette où l’on voyait un charmant croquis de femme hérissée de piquants, entourée d’un groupe d’ânes indécis en toilette élégante et exprima le désir que la feuille s’appelât : « le Chardon ».

— Tout cela est trop littéraire ou trop raffiné, s’écria Plant. Aujourd’hui il faut du grossier pour avoir du succès auprès du public ; plus c’est commun, plus c’est piquant ; je baptiserai donc le journal : « la Punaise ».

En dépit de toutes les objections de ses collaborateurs, il s’en tint à ce titre étrange.

Quelques jours plus tard, le premier numéro de la Punaise paraissait avec un texte spirituel par ci par là, mais vide, sans valeur au fond, et avec des dessins ayant grand besoin de feuilles de