— Tiens, quel air ai-je donc ?
— Je ne sais pas, mais vous paraissez bien entreprenant.
— Vous avez raison, amice.
— Mais, avant tout, asseyez-vous, je vous prie. »
Le curé hocha la tête et se promena à grands pas dans l’appartement en brandissant sa canne.
« Permettez du moins que je prenne un siège. »
Et Silvaschko s’étendit, dans un fauteuil et alluma sa pipe, tandis que Sascha lui racontait ce qui venait de se passer. Quand il eut fini, le lieutenant le regarda en souriant.
« Cela ne fera point de mal à ce jeune gars d’avoir un duel, dit-il enfin.
— Mais il court des risques ; s’il allait lui arriver malheur !
— Tant bien que mal, on peut toujours s’en tirer ; d’ailleurs, entre nous soit dit, votre Sascha sait passablement manier l’épée et il tire assez juste.
— Mais je ne veux à aucun prix voir mon fils courir un pareil danger ! s’écria le curé, c’est pourquoi…
— Que voulez-vous faire ? Le duel est inévitable.
— Assurément, le duel doit avoir lieu.
— Ergo.
— Eh bien, je me battrai à sa place ! »
Le lieutenant, effrayé, laissa tomber sa pipe et fit un bond sur sa chaise.
« Vous voulez… ?
— Je le veux et je le ferai, poursuivit le curé ; et c’est à cette occasion que je suis venu ici. Je vous prie d’aller sans délai chez Je baron et de le provoquer.