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LA MÈRE DE DIEU.

— Pourquoi te tromperais-je ?

— Oh ! le voleur ! le coquin ! s’écria Wewa. Mais qu’il vienne maintenant, et je lui dirai son fait.

— Tu ne lui diras rien du tout, ordonna Mardona, pas un mot ! Cela me regarde.

— Comme tu voudras, Mardona », dit Wewa à voix basse.

Puis, se tournant vers la jeune fille qui l’accompagnait :

« Je t’en prie, Lisinka, notre petite mère m’a promis des carottes. Fais-toi les donner dehors, et place-les dans notre charrette. Va, mon enfant !

— Une jolie et honnête fille, dit Mardona.

— Viens donc baiser les pieds de la Mère de Dieu, Lisinka », dit Wewa très haut.

Lisinka se mit à genoux devant Mardona ; mais celle-ci ne laissa pas la jolie fille s’incliner jusqu’à ses bottines. Elle se baissa vers elle et l’embrassa gracieusement sur les lèvres.

« C’est votre fille ? demanda Sabadil à la veuve.

— Non, répondit-elle. C’est une pauvre fillette que j’ai recueillie chez moi, et qui m’aide au ménage.

— Chez vous, ajouta Mardona en se tournant vers Sabadil, on nommerait simplement Lisinka une servante.

— Et Wewa, sa maîtresse, la prie poliment de bien vouloir exécuter ses ordres ! dit Sabadil avec étonnement. Et toi, Mardona, tu lui as donné un baiser !

— Chez nous, mon ami, lui répondit Mardona, il