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SASCHA ET SASCHKA.

et à l’écurie, il la trouva dans la cuisine, où elle s’occupait du ménage. Elle portait alors un costume de laveuse d’une nuance claire, à manches courtes, et un tablier blanc.

« En quoi puis-je vous rendre service ? demanda-t-elle à Sascha.

— J’aurais désiré pouvoir vous expliquer un peu notre plan… répondit le jeune homme, les yeux fixés au sol.

— Moi, c’est ici mon théâtre ! s’écria Spiridia en riant ; et, si vous voulez rester, à mon tour je vous fournirai un rôle.

— Et pourquoi pas ? »

Spiridia plaça devant son compagnon un plat en poterie rempli de pommes de terre et lui tendit un couteau en disant :

« Tenez, puisque vous voulez m’aider, épluchez-moi des pommes de terre.

— De tout cœur », repartit le jeune séminariste.

Et tous deux se mirent gaiement à l’ouvrage. Sascha éplucha et lava les légumes, mit du bois sur le feu et tendit à la ménagère les casseroles et les poêles dont elle avait besoin, puis il égrena le maïs. Spiridia accommoda les pommes de terre, frappa la viande pour l’attendrir, la fit rôtir dans la graisse bouillante et répandit le maïs sur les charbons ardents. Quand tout fut terminé, les jeunes gens portèrent ensemble le souper, que chacun mangea de fort bon appétit, excepté Sascha, qui se contenta presque exclusivement de contempler sa gracieuse hôtesse.

À la fin du repas il adressa solennellement sa re-