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LA MÈRE DE DIEU.

— Je voulais te demander la faveur de te rendre visite de temps à autre.

— Vous me témoignez trop de bonté, interrompit Mardona. À quoi bon tant de paroles ? Vous savez bien que tout ce qui est chez moi vous appartient.

— Oui, oui, et si je te prenais au mot ? » continua Zomiofalski.

Mardona ne répondit pas. Elle alla au miroir et se mit à jouer avec son collier. Elle lui tourna le dos, mais elle vit dans la glace le visage passionné de Zomiofalski, et cela lui procura une vive satisfaction. Nul ne pouvait lui être d’une aussi grande utilité que le juge. Elle le savait et ne perdrait certainement pas l’occasion de gagner son amitié.

« Pardonne-moi, Mardona, s’écria Zomiofalski, je sais que je t’offense. Mes propos te blessent, je le sais. Mais, vois-tu, je me tiens devant toi comme un pécheur qui implore sa grâce. Tu es mon juge, je te dois la vérité. Je t’aime, Mardona, je t’aime comme un fou. Punis-moi si c’est un crime. Je me remets entre tes mains.

— Quelle punition puis-je vous imposer ? lui demanda-t-elle doucement, avec un sourire dans le regard.

— Crois-moi, continua Zomiofalski, je te respecte, je te vénère. Il y a peu de temps que je te connais, mais tu es une femme supérieure ; on en trouverait peu comme toi dans les palais, on n’en trouverait pas une sous le chaume. Je t’aime, Mardona, et je te respecte.

— Dites-vous la vérité ?

— Je te le jure.