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LA MÈRE DE DIEU.

Une fois, une seule fois, ils se rencontrèrent sans témoins dans la maison du vieil Ossipowitch. C’était par hasard, du moins à ce qu’il semblait. Mardona s’était rendue à la ville ; Nimfodora était venue quand même, nul ne savait dans quelle intention. Personne non plus ne sut pourquoi elle sortit précipitamment de la grande salle lorsqu’elle entendit retentir les sabots d’un cheval sur la neige durcie. C’est ainsi que Sabadil la rencontra dans la cour.

« Tu retournes déjà chez toi, Nimfodora ? demanda Sabadil.

— Il le faut,… sûrement, il le faut. »

Elle regarda par terre, tristement.

Il lui donna le baiser de paix. Elle se laissa embrasser par lui, très calme, les mains enfouies dans les manches de son manteau.

« Si tu veux, je te prendrai avec moi sur mon cheval.

— Je préfère aller à pied.

— Avec cette hauteur de neige ?

— Mardona ne serait pas contente si elle savait que tu m’as reconduite.

— Dis plutôt que tu ne veux pas que je te reconduise chez toi, s’écria Sabadil. Tu as sûrement un amoureux à Brebaki.

— Je n’ai pas d’amoureux, repartit Nimfodora d’un ton lent et baissant la tête humblement.

— Ah ! j’en suis bien aise.

— Pourquoi parais-tu t’en réjouir ?

— Parce que… Tu as raison. Il vaut mieux que tu ailles seule à Brebaki.