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LA MÈRE DE DIEU.

Mardona se dépouilla, en souriant, de ses colliers et ôta ses bracelets. Elle mit un tablier de toile, retroussa ses manches et alluma du feu dans l’âtre. Elle se rendit ensuite au garde-manger, avec Sabadil, qu’elle chargea de tout ce dont elle avait besoin. Elle décrocha de la muraille des casseroles et des plats, et se mit prestement à l’œuvre. L’eau chantait gaiement sur la braise ardente. Mardona cassa des œufs dans la farine, y versa du lait, y mit du beurre et du sel, et pétrit la pâte. Sabadil préparait des pois. Tout fut terminé en un clin d’œil. Mardona mit le couvert, et apporta sur la table la soupière fumante.

Ils prirent place et dînèrent. Ils avaient grand appétit. Sabadil s’étonnait de ce que la Mère de Dieu avait tout apprêté, et d’une façon si exquise.

« Sûrement, dit-il, un gentilhomme ne mange pas mieux que nous aujourd’hui.

— Mon cœur, c’est parce que l’amour assaisonne notre dîner », railla Mardona en souriant.

Ils prirent leur repas, ils rirent, ils s’embrassèrent. Ils étaient si heureux ! Ils restèrent ensemble à causer jusqu’à la tombée de la nuit. Sabadil, alors, attela ses chevaux pour accompagner Mardona à Fargowiza. Il conduisit le traîneau lui-même. Elle était assise à ses côtés, le regardant de ses yeux bleus, languissants et doux. Elle appuyait sa tête à l’épaule de Sabadil, et souriait amoureusement.