Aller au contenu

Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
SASCHA ET SASCHKA.

« Vous m’aimez, dit-elle, et sa voix résonna semblable au chant d’un ange dans la nuit de Noël. — Et vous ne savez pas que, moi aussi, je vous aime et combien je vous aime ? »

Ils se regardèrent, et ne trouvèrent aucune parole pour exprimer ce que leur cœur ressentait tout à la fois de doux et de douloureux. Sascha venait de saisir les mains de Spiridia. Celle-ci se pencha vers lui jusqu’à ce que ses lèvres fussent effleurées par un baiser.

La couronne de fleurettes était terminée ; le jeune homme la lui prit des mains et la déposa sur la tête de sa fiancée, puis la considéra longtemps avec une joie recueillie. Il se plaça ensuite à ses côtés et ils continuèrent à voguer étroitement enlacés, à travers le jardin féerique, éclairé par la douce lumière de la lune ; et longtemps encore on les entendit chanter ensemble :

Frêle barque, sur la pente
Des eaux que la lune argente,
Glisse et lutte avec ardeur.
Cher esquif, je t’en supplie,
Pas un seul instant n’oublie
Que tu portes mon bonheur.

Le lendemain Sascha se rendit chez le curé Nogaïski, et, s’adressant à lui ainsi qu’à sa femme d’une manière fort courtoise il leur demanda la main de Spiridia.

Après les fiançailles, il retourna à Lemberg. Les deux jeunes gens échangèrent alors des lettres pleines de tendresse. Le théologien reprit ses études avec