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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/56

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SASCHA ET SASCHKA.

lants examens, et se préparait déjà à retourner à la maison paternelle, lorsque, peu de jours avant le commencement des vacances, il put voir de ses yeux le premier exemplaire des Légendes populaires de la Petite-Russie et des Chants des habitants de la Petite-Russie et de la Galicie. Trois jours après, le jeune homme les emportait à son père, qui l’attendait à la dernière station.

« Comme tu es grand et fort ! »

Telles furent les premières paroles du brave curé après qu’il eut pressé son fils dans ses bras ; puis il jeta un coup d’œil sur les deux petits volumes, et une vive rougeur colora son visage.

« Tu as encore trouvé du temps pour cela ? murmura-t-il ; pourtant tu n’as pas, en définitive, négligé tes études. »

Saschka présenta un certificat ; son père le lut lentement, et sa bonne et intelligente physionomie rayonnait de plus en plus.

« Dieu soit loué ! dit-il enfin ; oh ! que ta mère sera fière ! »

Il ne parlait pas de lui-même, car, eût-il vu son enfant revenir nu-pieds, les habits déchirés, il aurait encore été heureux ; son amour paternel n’avait nullement besoin d’être justifié aux yeux du public.

Pendant que le jeune homme gravissait avec son père le chemin qui conduisait à la cure, Sascha cria de loin à sa femme :

« Il a été le premier cette année ! Et de plus il a fait deux ouvrages, deux vrais livres imprimés. »

À peine les autres membres de la famille eurent-ils