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MARQUIS DE SADE — 1778
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chose, et où il y avait des corps m… ! » S’il l’a dit, ce qui est probable puisqu’on le répète, qu’on me cite pour témoins le chanoine Vidal, le curé, le consul, les brigadiers ; il fallait qu’il fût ivre ; car, sans entrer dans la discussion du faux ou du vrai, on n’est pas excusable de tenir de pareils propos en pareille circonstance. Je m’en suis plainte ; on vérifie la manière dont il s’est conduit et, si elle est telle, il sera certainement puni pour avoir insulté contre son devoir et la modération qui lui avait été prescrite par le ministre qui l’avait chargé d’exécuter les ordres du roi……

La personne m’avait écrit formellement du château contre vous. Il parlait de fourbe, de traître, qu’il en avait les preuves, me priait cependant de n’en rien dire. Je ne sais quels contes ou calomnies on avait pu lui faire ou s’il voulait altérer notre confiance en vous, crainte que vous ne m’instruisiez de tout ce que vous pouviez savoir……


Madame de Montreuil craint que la présence de mademoiselle de Rousset ne vienne tout gâter ; elle met Gaufridy en garde contre ses intrigues et lui fait savoir qu’il a été lui-même accusé d’avoir fait sauver M. de Sade à Valence. (3 novembre 1778).

……Mademoiselle Rousset avec son zèle excessif, et par tout ce qu’elle aura été chargée sans doute de dire à madame de S. par monsieur au moment de la séparation, va achever de lui tourner la tête au lieu de la calmer. Je ne sais si elle vous aura montré ma réponse à une grande lettre qu’elle m’écrivit. Au moment elle a pu et dû la montrer. Elle était telle que je crois qu’elle devait être et lui faisait sentir avec politesse qu’elle se mêlait mal à propos de ce qui ne la regardait pas et me jugeait sans me connaître. Je doute qu’elle vienne à moi. En tous cas, prévenue, je ne crains pas ses tournures et j’aurai une franchise discrète qui ne satisfera guère sa curiosité ni celle de ceux dont elle pourrait être l’émissaire. Il y a longtemps que je voulais vous prévenir de ne pas avoir de confiance, mais vous me paraissiez si peu disposé que je crus l’avis inutile. Mais, puisque vous me le demandez, je vous dis : « Ne vous y fiez pas. » Si elle vous captivait, c’était pour mieux pénétrer, et en instruire. Je ne sais si elle était simple confidente, copiste ou agent, mais, à quel de ces titres qu’elle agisse, elle a donné certainement, avec ou d’après M. de S., dans la cabale ou dans l’opinion personnelle, vraie ou simulée, de M. de S. à votre égard.

Voyez comme on éprouve des calomnies d’espèces opposées. On m’a assuré ici, et cela nullement des agents de madame de S., mais par les connaissances des personnes ayant part à l’administration, que c’était vous qui l’aviez fait sauver à V.l... en lui donnant les facilités. Enfin madame de S., par son mouvement naturel, par les raisons de M. le prévôt de Saint-Victor et même les miennes, quoique produites avec ménagement, a paru écarter toute idée de défiance sur vous, monsieur, et votre administration, et regarder ce qui avait été dit comme l’effet d’une cabale qui