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MARQUIS DE SADE — 1775
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vous-même indiquez. Je les adresse à l’exempt de la maréchaussée d’Apt pour qu’il les mette à exécution.

J’ai l’honneur d’être avec respect, madame, votre, etc…


Madame de Montreuil affirme qu’elle n’est pour rien dans les ordres qui ont été donnés contre M. de Sade ; « les récidives perpétuelles des mêmes faits » en sont la seule cause. (Au château de la Verrière, le 26 juillet 1775).

……J’attends avec impatience ce que vous devez me mander sur N.on et si elle n’aura pas profité de l’occasion pour s’esquiver. Comme vous me paraissez n’avoir nulle inquiétude sur ce point cela me rassure.

Vous avez bien raison de dire qu’il n’y a pas apparence que ceci se soit passé à mon instigation. Il faudrait que je fusse bien bête pour imaginer de faire surprendre un homme dans le moment où il est informé qu’on doit venir chez lui précisément pour y arrêter quelqu’un et où, par conséquent, il est à croire qu’il aura soin de s’absenter ou de se cacher puisqu’il est toujours sensé n’y être pas. Ce n’est pas ceci, monsieur, qui nuirait à Aix et qui retardera l’effet des soins que je m’étais donnés et les mesures prises pour déterminer messieurs d’Aix. Ce sera la conviction dont ils sont que la personne qu’on veut blanchir tient toujours la même conduite, et la dépravation qui l’a noircie et qui excite le cri public qu’ils ne veulent pas faire retomber sur eux……

Pour le moment je ne pense pas que cette histoire ait d’autre suite. Il se sera évadé ou caché, comme il l’a déjà fait, et, s’il se tient tranquille, et que sa femme ne continue pas à se compromettre et à lui donner des facilités indignes d’elle et de lui, dans quelque temps on n’y pensera plus. Mais sont-ils assez sensés l’un et l’autre pour tenir cette conduite ? J’en doute. Et, s’ils sont ensemble, on sera toujours autorisé à croire les mêmes choses et à les craindre pour elle-même qu’il entraînera dans l’abîme avec lui. Vous sentez qu’il faudra cependant mettre tout en usage pour la garantir de sa propre faiblesse, et je vous le recommande en tout ce qui vous sera possible. Soyez sûr d’être avoué de moi dans tout ce que vous ferez pour le bien.

Ses malheureux fils qui sont ici sous mes yeux me percent l’âme, mais je ne puis faire l’impossible quand le père et la mère par leur conduite détruisent toujours mon ouvrage quand il est prêt à finir……


Le marquis a passé en Italie et donne les premiers détails sur son voyage. (10 août 1775).

……Le diable ici est de s’entendre ; pas une âme ne parle français et je suis fort éloigné de parler encore italien. J’y travaille cependant comme un diable ; le chevalier de Donis prétend que je n’en viendrai pas à bout