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MARQUIS DE SADE — 1777
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toutes les personnes qu’elle devait respecter et auxquelles je m’intéresse ; qu’instruite que sa conduite, dans la maison où elle est, est telle qu’elle me donne lieu de la présumer changée et plus sage, je veux bien, si elle désire en sortir, m’engager à obtenir le consentement de madame de S. Mais vous sentez toutes les conditions que vous devez y mettre et auxquelles seules elle devra nos bontés…… Point de tournure [?] ni de père, ni d’amies, ni de famille pour tirer de l’argent, car on ne donnerait pas un écu ; et, si on bougeait le moins du monde, elle serait sur le champ recoffrée et punie par les lois comme elle l’eût mérité…… »


Madame de Montreuil marchande la liberté de Nanon et cherche à s’assurer de son silence. Elle ne travaillera pas à celle de son gendre. (16 août 1777).

J’ai reçu, monsieur, votre lettre d’Arles à l’époque de sa date, ainsi que les précédentes. Je vous remercie de la célérité que vous avez mise à ce voyage. Il était nécessaire. Je comprends très bien, par le contenu de la note, combien il est de conséquence de joindre la douceur à la sûreté. Je tiendrai la parole que vous avez portée à cette personne si elle tient celle qu’elle vous a donnée de son côté, dont le premier pas est d’engager son père à la dispenser d’aller le rejoindre dans des lieux où il n’est convenable d’aucune manière qu’elle paraisse, et qui lui seraient sûrement interdits comme une condition de la grâce qu’on lui accorderait. Comme il ne faut point laisser d’écrit entre ses mains sur pareille matière, il faut que vous priiez M. Lions de le lui dire de ma part verbalement et de s’informer de la prieure si elle a, en effet, écrit à son père. Si il consent à ce qu’elle lui demande, il faut que quelqu’un de sûr, comme madame la prieure, M. Lions ou vous, s’empare de la lettre et la garde, pour qu’il ne puisse ensuite revenir contre les partis qu’on peut prendre en conséquence. Quel âge a-t-elle ? Est-elle majeure ? C’est un point important à savoir, à cause de l’autorité paternelle. Si le père n’est poussé que par les sollicitations que lui a faites sa fille, la chose ira très simplement. S’il l’est par les gens dont elle craint la rencontre, alors il faudra lui en faire imposer d’autorité et le faire craindre de la trouver très compromise elle-même par les preuves qu’on est en état de produire, s’il s’avise de jaser et de seconder une cabale qu’on veut éviter. Il est certain qu’en 1774, en janvier, j’ai eu des anecdotes qu’elle fera bien de ne pas me mettre dans le cas de montrer, pour elle-même, avant le voyage de Bordeaux. Ainsi elle fera bien, quelque personne qui la questionne, de ne pas se lâcher, en disant toujours et à toute question : « Je n’en sais rien !… »


Madame de Sade ne correspond avec son mari qu’à billets ouverts. (Sans date).

Rien encore de nouveau, mon cher avocat, c’est désolant au suprême