qu’elle vous aime, l’honneur qu’injustement on avait voulu lui ôter, et je
sens une double joie en apprenant que le libertin, dont nous avons tant de
sujets de nous plaindre, ne sera plus, par votre équité, regardé comme le
plus criminel de tous les hommes. Madame de Montreuil m’insinue d’aller
vous importuner à Aix ; je me souviens d’avoir fait ce voyage avec M. le
président de Montreuil, et je vous avoue que, quoique les temps soient
tout à fait changés et que je dusse m’attendre à autant d’agrément que
j’y essuyai de dégoût, je sens que je ne pourrais y aller avec plaisir que
pour vous remercier de vos bienfaits.
Si cependant, monsieur, vous jugez que ma présence soit nécessaire, ou de devoir, je suis prêt à me vaincre et à aller réclamer en personne la justice que je dois attendre de vos lumières et de la bonté de votre cœur. Le mien dans ce moment ne s’occupe que de ce que je vous dois et ne sait vous exprimer que le respectueux attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être
Agréez que je vous félicite de la justice que vous allez rendre à une famille qui a l’honneur d’appartenir à toute la Provence et qui n’aurait sûrement pas essuyé l’affront qu’on lui a fait, si, par un bouleversement auquel on n’aurait jamais dû s’attendre, on n’avait pas vu les juges qui ont la confiance de tous les états suspendus des fonctions dont ils s’acquittaient avec un applaudissement si général. Le libertinage mérite punition, mais ce n’est pas celle du crime ; et les fautes étant personnelles, c’était le libertin seul que vous auriez puni.
Si je connaissais moins vos bontés pour la famille, ou si je doutais de votre équité, j’aurais volé à Aix pour avoir l’honneur de vous faire mes représentations ; mais vous êtes trop éclairé pour que je craigne un instant sur le jugement que vous allez rendre. Je m’y soumets avec le respect que je vous dois et ne cesserai à tous les moments de ma vie de faire des vœux pour la conservation de vos jours.