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MARQUIS DE SADE — 1778
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toute l’authenticité possible ; je l’ai construite exprès pour qu’elle en ait, et plus vous lui en donnerez, plus vous me ferez plaisir. Il est d’ailleurs essentiel de lui en donner, afin d’être d’accord et que nos propos et nos démarches à tous les deux soient les mêmes ; je lui en ai donné du côté de Paris ; je lui en donne à Avignon en l’envoyant à mes tantes qui, excepté celle de Saint-Laurent, m’ont déjà toutes répondu (la lettre d’hier était de madame de Villeneuve) ; il est donc essentiel que vous lui en donniez aussi de votre côté. Je désirerais que vous l’envoyassiez à madame de Montreuil et je ne saurais vous dire le plaisir que vous me feriez de ne me faire aucune objection à ce sujet et de la lui envoyer ; cependant si vous aviez quelque raison triomphante qui s’y opposât, marquez-le moi encore aujourd’hui, parce que moi je la lui ferai décidément passer mardi et prétexterai quelque raison de votre part pour lui en avoir fait mystère. Cependant il vaudrait infiniment mieux que cet envoi vînt de vous et vous m’obligerez infiniment de le faire. À l’égard de M. de Galissane l’envoi de cette lettre vous dispense d’un grand détail et je n’entrevois aucune raison qui puisse s’opposer à ce que vous la lui fassiez passer. Vous m’obligerez donc infiniment de le faire, de le prier de vous la renvoyer après en avoir fait l’usage qu’il voudra, et, à son retour, vous en ferez à Apt le même usage, c’est-à-dire que vous la montrerez à tous ceux qui vous demanderont des détails……

Il y a une aventure unique entre Reinaud et moi : une lettre de moi, envoyée par lui à ma dulcinée au miroir, la lettre interceptée dans la prison et Reinaud publiquement nommé le messager des dieux. C’est à faire mourir de rire. Venez donc vite que je vous explique tout cela. Je vous embrasse.

Dimanche matin.

Le marquis persiste à vouloir répandre sa prétendue lettre du 18 juillet à Gaufridy. Il dîne avec mademoiselle de Rousset. (Sans date).

……M. Morenas n’a pas attendu que je lui propose de lui donner copie de votre prétendue lettre : il veut l’avoir absolument pour la porter au commandeur. Je l’inclus dans la réponse que je lui fais ; la voilà donc publique. On m’assure qu’elle est faite pour l’être par ce qu’elle contient. Donnez-lui donc la publicité que je demande du côté d’Aix et de Paris, je vous en conjure, et marquez-moi dans votre réponse si décidément vous me donnerez cette satisfaction. Vous m’obligerez de le faire. Je vous embrasse. Votre avis sur cette lettre. Je l’envoie au commandeur et à toutes mes tantes.

J’ai une belle demoiselle à dîner. Mais, pour n’être pas venu, vous ne méritez pas qu’on vous la nomme.


Madame de Montreuil pense que, si son gendre a pris la clef des champs, il ne doit pas prendre celle du coffre. La famille ne permettra pas à madame de Sade de rejoindre son mari. (1er août 1778).