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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/186

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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


laissé imposer par ces larmes ; pour moi, j’avoue que c’est cela seul qui me fait voir que c’est une comédie……


L’abbesse de Saint-Laurent a appris l’arrestation de son neveu. (26 août 1778).

Je viens d’apprendre que mon neveu fut arrêté hier. Ayez la bonté, monsieur, de m’instruire des circonstances de cet événement qui m’affecte naturellement, mais qui ne me surprend pas. Cette évasion n’avait pas le sens commun ; étant sous une lettre de cachet, il fallait en attendre la révocation. J’ai grand peur que ce soit encore quelque nouvelle affaire ; si ce n’est pas par ordre des Montreuil qu’il a été poursuivi, si c’est de la part du roi, j’en crains les suites. On m’a assuré qu’il ne s’était pas mal conduit dans sa solitude de la Coste ; toutes ses lettres nous répondaient d’une meilleure conduite par ses expressions, mais je n’ajoute point de foi, accoutumée à ses belles paroles et toujours trompée par la conduite et par l’effet……


La marquise croit M. de Sade en sécurité et brûle d’aller le rejoindre. (Sans date).

……J’ai reçu plusieurs lettres de M. de Sade. La façon dont je les reçois est inutile puisqu’il ne croit à rien, aussi n’en parlerai-je pas. Je note mes lettres, il doit par là voir ce qui lui manque……

M. de Sade ne me rendrait pas justice s’il doutait de mon empressement à le joindre ; il ne rendrait pas justice à mon cœur. Du reste, qu’il soit parfaitement tranquille. L’on n’a pas envie de le tracasser du tout et l’on est très content des bons témoignages que l’on rend de lui……

Je ne vous parle plus d’affaire. Je suis si enchantée de n’en entendre plus parler et de ce que cela ne me regarde plus que, si l’on veut dorénavant me consulter, pour toute réponse je décampe. Je m’aperçois d’un peu de mieux dans ma santé et je l’attribue à la liberté de M. de Sade……


M. de Sade, en route pour Vincennes, écrit à Gaufridy une lettre pleine de sens et d’amitié pour lui donner ses instructions. (De Lyon, premier septembre).

Vous aurez sûrement été bien surpris de l’événement, mon cher avocat. J’imagine que vous en aurez été instruit le même jour et qu’en conséquence vous l’aurez sûrement mandé sur le champ à ma femme. Je vous prie de lui dire de se tranquilliser et qu’on a eu pour moi jusqu’ici toutes les attentions possibles ; on y a également mis toute l’honnêteté qui pouvait être compatible avec ma sûreté. J’écris une grande lettre à Gothon pour toutes les choses que je veux qu’elle observe au château.