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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


où les cheveux m’en dressent sur la tête, quand je considère l’avenir pour remédier à tant de calamités, l’esprit m’en tourne.

Eh ! monsieur, si vous avez quelque respect pour mes malheurs, n’aggravez pas mes cuisantes peines ! D’autres me tyrannisent assez par le récit des injustices et des vexations où les gens d’affaires de M. de S. sont en butte. On les a contenus un certain temps par l’espoir d’un prochain retour. Cette promesse ne s’effectue point, ils ont cabalé. Ses droits sont violés. On coupe les arbres dans ses forêts. Les particuliers gardent leurs troupeaux dans son champ. On se permet le droit de chasser dans ses terres. En un mot, monsieur, ne me parlez plus de pension. Je n’ai ni pouvoir ni volonté de la faire. C’est bien assez de me consumer en chagrins par la privation de mon mari et la destruction totale de sa fortune……


Requête des notables de la Coste en faveur du marquis de Sade, leur seigneur. (Sans date).

Les prieur, curé, viguier et maires-consuls du lieu de la Coste en Provence, diocèse d’Arles, réunis et guidés par le même esprit et le même intérêt, osent implorer autant la justice que la bonté de Votre Grandeur, plus en faveur des habitants du même lieu que de M. le marquis de Sade, leur seigneur.

Il n’est pas permis aux suppliants de pénétrer les motifs de l’ordre du roi. Placés à la tête des habitants de la Coste, peuvent-ils ne pas porter à Votre Grandeur les vœux de ses habitants, les supplications qui les accompagnent, les motifs qui les déterminent. M. le marquis de Sade était plus leur père que leur seigneur. Les pauvres trouvaient en lui une défense assurée, les autres un protecteur et chaque jour était marqué par quelque trait de bienfaisance. Frappés du même coup qui continue de s’appesantir sur lui, ils gémissent et ne cessent les vœux les plus ardents pour un retour qu’ils regardent comme le terme du fléau qui les afflige. Nous ne sommes ici, Monseigneur, que les organes de ces habitants et nos expressions ne retracent que faiblement la douleur dont ils sont pénétrés et nous suivons [?] avec d’autant plus d’empressement les désirs de ces habitants que nous partageons l’amertume de leur situation. Puissent leurs vœux, leurs prières, leurs supplications et les nôtres être de quelque poids auprès de Votre Grandeur. Puisse le témoignage que nous devons à la conduite la plus réglée de M. le marquis de Sade, pendant le dernier temps surtout que nous l’avons revu à la Coste, intéresser vos bontés.

Les suppliants l’espèrent avec confiance et que bientôt le calme et la joie, renaissant dans des cœurs flétris par le trouble et l’amertume, béniront la main qui leur aura rendu leur seigneur, leur père et leur protecteur.


Mademoiselle de Rousset a retouché la pétition préparée par Gaufridy et serré le bouton au curé de la Coste pour qu’il travaille à sa