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MARQUIS DE SADE — 1780
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demment signé par sa femme. Le sac est actuellement commis à la garde de la demoiselle qui le défend à bec et à ongles.

La marquise a choppé dans la voie où elle s’était mise, mais elle est déjà repartie sur une autre. Puisque l’élargissement de M. de Sade est impossible, elle essayera d’obtenir qu’on le fasse interner dans une autre prison où il sera plus à portée de ses affaires. Ce dessein n’échouera que par le mauvais vouloir du captif.

Madame de Sade, que rien ne détourne de son grand objet, mais que cet objet même ne distrait pas de ses autres soucis, n’oublie dans ses lettres ni les soins à donner aux terres, ni les emplois à pourvoir, ni les créanciers à apaiser, ni l’argent à tirer des fermiers qu’elle assomme de réclamations (c’est le sage Lions qui le dit et on peut le croire), ni le mariage de Gothon, à qui elle déclare tout net qu’elle n’admettra pas son futur mari parmi les domestiques du château pour ne pas retomber dans les anciennes cabales, ni son abjuration, ni la discussion de ses gages, ni même un abonnement au Mercure que Gaufridy est chargé de prendre sous son nom.

Madame de Montreuil paraît avoir gagné du terrain dans la lutte engagée pour reconquérir sa fille. Le ton que la présidente emploie avec elle continue bien à exaspérer la marquise, mais elle ne se refuse point à voir sa mère parce que sa façon d’agir avec les enfants mérite de l’indulgence. Les deux femmes sont même à merveille « quand elles ne parlent pas de lui. »

Sieur Pierre Isaac de Maillefer de Ballaiague, au bailliage d’Yverdon, dans le canton de Berne, envoie de Suisse son autorisation au mariage de sa fille Anna Marguerite Maillefer (dite plus simplement Gothon et parfois, je ne sais pourquoi, Duffé) avec Jacques Grégoire, de Nîmes, à condition qu’il soit de la religion réformée. L’autorisation était attendue ; quant à la condition elle sera tenue pour non écrite, probablement comme contraire à l’ordre public du royaume.