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MARQUIS DE SADE — 1787
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vivre, malgré l’aveuglement de madame de Montreuil qui veut que Gaufridy lui envoie sans plus tarder les comptes qu’il doit désormais arrêter. Son premier acte est d’égarer la sentence qui le nomme. Dès le vingt-six août, il écrit à l’avocat pour le prier de venir conférer avec lui des moyens à prendre afin de remédier aux maux « causés par l’anarchie » et lui déclare qu’il est las de la procuration qu’il a acceptée « pour raisons que bien pouvez comprendre ». Son rôle se borne par la suite à signer des pouvoirs en blanc et à entreprendre au château de Mazan, où il veut venir s’installer, des réparations très coûteuses. Il a d’ailleurs repris la route et n’use pas de l’appartement que madame de Villeneuve lui a fait ménager près du sien à Carpentras. Au retour de Toulouse, où il s’est fait recevoir et a tenu son chapitre, il repart pour Marseille et y fait une chute. On doit, pendant huit jours, lui couper son pain et le nourrir à la fourchette. Il se propose d’aller ensuite prendre ses quartiers d’hiver dans son grand prieuré.

Madame de Sade s’est fort bien accommodée de son inaction. Elle prie toutefois Gaufridy de continuer à la tenir au courant et demande qu’on ajoute à sa pension une somme annuelle de six cents livres pour lui permettre de satisfaire aux menues réclamations du marquis ; mais les dépenses extraordinaires qu’il pourra faire seront portées en compte. Le grand prieur et la fonction dont on l’a revêtu lui en imposent. S’il fait des dépenses à Mazan, il a désormais le droit de les faire. Tout s’efface devant l’espoir que le chevalier aura une des commanderies qui dépendent du grand prieuré de Toulouse.

Ce jeune homme a touché barre à Toulon pendant une croisière et n’a pas quitté le port. L’aîné est à Paris dans le courant d’octobre, mais tous les officiers reçoivent l’ordre de rejoindre leurs corps avant le premier novembre. Il rentre à Belle-Isle et y tombe malade.

L’instance engagée à Rome sur les droits régaliens serait de grande conséquence pour les coseigneurs de Mazan, si le rescrit que l’on espère obtenir de l’auditeur du pape n’était un acte de pure juridiction gracieuse que la chambre de Carpentras risquera fort de contester lorsqu’elle en sera instruite.

La récolte est bonne ; le seul mas de Cabanes a donné au seigneur, pour sa part, cent septiers de plus que l’année précédente. Ce fait n’est pas une exception et les événements qui se préparent n’ont pas été la conséquence d’une longue période de disette ; du reste les révolutions