Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MARQUIS DE SADE — 1787
225


de confiance respectivement, et je suis enchantée que vous vous soyez aperçu d’un changement favorable pour ses neveux. Il n’a pu connaître encore que le cadet qui a paru lui plaire, et c’est en effet jusqu’ici un très bon sujet. L’aîné ne pouvait dans ce temps quitter son régiment et M. le bailli, comptant rester plus longtemps, ce qu’il aurait fait sans la mort du grand prieur de Saint-Gilles, n’avait pas voulu que je demandasse un congé.

Vous sentez mieux qu’un autre, monsieur, la nécessité d’une administration provisoire en l’absence, puisque, faute d’un pouvoir légal, vous vous trouvez arrêté à tout moment, soit pour défendre les intérêts de M. et madame de Sade, attaqués dans différentes parties de leurs terres par des usurpations, soit dans les améliorations qui pourraient être faites pour l’augmentation progressive des biens fonds, soit pour votre propre sûreté, ne pouvant arrêter ni les comptes de l’ancienne administration ni rendre les vôtres qui deviennent anciens et conséquents. Les pièces justificatives peuvent s’égarer, mille accidents arriver, et depuis longtemps, vous aviez paru le désirer. Le compte, vu par madame de Sade sans doute, ne pourra-t-il pas être rendu à M. le bailli, comme plus proche parent paternel ?

Vous verrez, monsieur, je crois, que la famille vous continuera la même confiance qu’a mise en vous M. de Sade, confiance qui ne manque son effet que faute de procuration judiciaire, nécessité à laquelle il faut pourvoir ; confiance très méritée et à laquelle j’applaudirai plus que personne, par les sentiments d’estime et de considération avec lesquels je suis bien sincèrement, monsieur, votre très humble et très obéissante servante.

Masson de Montreuil.

……Comme l’intérêt n’est pas toujours ce qui m’affecte, j’oubliais de vous répondre aux bonnes intentions dont M. le bailli vous a fait part pour son petit-neveu. Rien de mieux assurément, mais je ne me permettrai aucune instigation. Il doit tout tenir de sa bonne volonté, et mériter ses bontés. J’espère qu’il aura le temps de réaliser ses bonnes intentions……

La dame paraît très tranquille. Mais le motif est-il plus de réflexion ou politique vis-à-vis des familles ? C’est ce que je ne puis démêler. On s’est toujours défié de moi bien mal à propos, vous le savez. On a confiance en vous. Mandez-moi votre pensée, sur tout, et soyez tranquille. Comptez sur ma discrétion et réserve générale. Vous l’avez éprouvée.[1]


La marquise est heureuse que la mort du grand prieur de Toulouse la décharge de l’obligation de tenir auberge avec son oncle. Le chevalier est parti pour Malte après un séjour dans le Comtat et à la Coste. (27 avril 1787).
  1. Ce dernier paragraphe est écrit sur un billet séparé.