Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/319

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1790


Madame de Sade souhaite que la nouvelle année soit plus heureuse que la précédente. Elle ne se mêlera plus des affaires de son mari, mais la mort du grand prieur ne change rien aux pouvoirs de Gaufridy. S’il y a des signatures à donner M. de Montreuil y pourvoira.

M. de Foresta, receveur de l’ordre de Malte à Marseille, estime que M. de Sade n’aurait pas dû attendre la mort de son oncle pour réclamer ses droits ou tout au moins pour affirmer ses prétentions. Mais on attendait trop du grand prieur pour lui demander des comptes. Madame de Villeneuve, que l’on presse toujours de rendre les meubles, est tombée malade de peur et de cupidité.

Un avocat, consulté par l’ordre de Malte, est d’avis qu’on doit restituer l’argenterie au marquis, lui rembourser le loyer de Saint-Cloud, acquitter un billet dont Ripert a fait l’avance, payer les quatre mille livres promises aux créanciers de l’abbé, mais qu’il n’y a pas lieu à indemnité pour les réparations faites à Mazan et qu’il faut exiger la remise des meubles, dont l’ordre est responsable même en cas d’abandon de la dépouille aux créanciers.

Madame de Montreuil fait savoir à Gaufridy que l’assemblée nationale a rendu, le vingt mars, un décret sur l’abolition des lettres de cachet. Cette mesure comporte des exceptions, mais la famille n’a nulle intention de les invoquer et laissera le gouvernement juge du sort de M. de Sade. La présidente rappelle qu’elle n’a rien fait depuis 1778, sinon dans l’intérêt de ses petits enfants, et avise l’avocat que la marquise ne s’exposera plus à souffrir ce qu’elle a souffert depuis vingt ans. Madame de Sade écrit à son tour pour réclamer ses hardes et confirme cette décision : « Tout ce qu’on vous a écrit est d’accord avec moi. »

M. de Sade est rendu à la liberté le jour du vendredi saint. Il raconte lui-même son élargissement et comment il avait été transféré de la