un tour de notre ami ; je gage qu’il me fait venir à la poste pour toucher
vingt-cinq ou trente mille francs. Que diable veut-il que je fasse d’un mois
de ma dépense ? » Oui, voilà quelle était ma réflexion, mais il faut avouer
que vous avez surpassé mon espoir. Peu s’en est fallu, je l’avoue, que je
ne déchirasse en mille morceaux vos chiffons et que je vous les renvoyasse
en pièces, mais vos droits et vos titres à mon amitié m’ont empêché de le
faire……
Je souhaite le bonjour à M. Gaufridy et ne puis m’empêcher de lui dire que ce qu’il vient de faire à mon père est une mauvaise plaisanterie qui n’est guère de saison[1]…
Vous verrez comme j’ai répondu à cette lettre. Il y a cependant quelques articles auprès desquels j’ai mis des notes, et sur lesquels je vous prie de porter des réflexions s’ils sont vrais ; il faut prendre garde à cela.
J’attendais tous les jours l’arrivée de mon mari pour vous écrire. Au moment où le citoyen Gaufridy arrive à Mazan pour affermer votre bien, je voulais le porter à différer jusqu’à l’arrivée de mon mari. Vous savez qu’il est le seul qui connaisse parfaitement vos biens et en état de vous les bonifier et de vous faire une offre raisonnable à votre ferme. Cependant, n’ayant rien obtenu du citoyen Gaufridy, je m’adresse à vous pour cela. Votre intérêt le demande, l’exige même. Car je dois vous dire que ceux qui se présenteront pour votre ferme sont les dilapidateurs de votre bien [Cela est-il vrai ?], qui, sous le prétexte de fermiers, espèrent achever de le ruiner, après l’avoir dévasté sous le nom de patriotes. [Si cela était, il faudrait bien prendre garde à cela]. Je ne vous laisserai pas ignorer que vos correspondants de Mazan, gens pauvres et bons terroristes, sont nos ennemis communs puisque, ayant persécuté mon mari comme chargé de vos affaires et lui ayant causé sa fuite, [ils] ont été avec ses dignes amis faire fracturer dans votre maison [Il ne faut pas, ce me semble, prendre ces gens-là pour fermiers] et vous ravir ce qui vous valait le plus. Il est de votre plus grand intérêt de ne pas faire passer votre bien à des gens qui, dans la révolution, auraient voulu vous anéantir et vous perdre, mais, au contraire, de le donner à une personne que vous connaissez, qui, depuis longtemps, administre vos biens, sur laquelle vous avez de tous les temps compté comme sur vous-même [Que j’ai, au contraire, regardé de tous temps comme un coquin] et qui a toujours regardé vos intérêts comme les siens propres. J’espère de votre amitié que vous ferez surseoir à cette affaire ou que, dans
- ↑ Ce dernier paragraphe est de la main du fils aîné du marquis.