Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/100

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est, pourquoi veut-il m’épouser ?… mais entendez-vous de telles mœurs ? D’où-vient prendre une femme alors ? c’est donc un meuble qu’on achète,… ah ! j’entends, on a cela dans sa chambre, comme un magot sur sa cheminée… c’est une affaire de convention, et je serais la victime de cet usage ! et je romprais des nœuds qui me sont si chers, pour être la femme de cet homme-là ! Comment concevriez-vous votre malheureuse Aline dans cette fatale existence, s’il fallait que le ciel l’y soumît ?

Déterville voudrait faire quelques recherches sur les mœurs dépravées de ce financier, il m’a dit votre délicatesse, je ne puis m’empêcher de l’approuver, et la mienne à-présent m’impose les mêmes lois ; car, si cette liaison vicieuse est constatée entre mon père et d’Olbourg, Déterville ne dévoilerait les torts de l’un, qu’en mettant ceux de l’autre au jour… Le dois-je ? ma mère est malheureuse, je serais bien fâchée, qu’une aussi triste découverte vint augmenter l’horreur de sa situation ; ce