Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/110

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fruit de ma honte et de mon déshonneur, devais-je croire que tu serais privée d’abri dès en voyant le jour ! puis elle prit mon bras, et marchant avec peine, nous regagnâmes au plutôt l’endroit où j’avais laissé ces dames. Nous les revîmes bientôt… mais dans quel état ! les deux filles tenaient leurs mères embrassées, et quoiqu’elles fussent elles-mêmes dans une agitation prodigieuse, elles s’efforçaient de les rassurer. Tu juges de l’effet de mon retour, n’apercevant qu’un individu de leur sexe, voyant mon air ouvert et tranquille, tout se calma et l’on accourut vers moi. Je fis en deux mot l’histoire de ma rencontre ; la jeune fille extrêmement confuse, témoigna son respect comme elle put. On examina, on caressa l’enfant ; Madame de Blamont voulait donner au moins quelques instans de repos à la mère, tant par humanité que pour s’instruire un peu plus à fond de ce qui pouvait éclaircir une aussi singulière aventure ; mais faisant observer à ces dames que la nuit s’épaissirait de plus en plus,