Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/114

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ces accidens n’ayant rien d’étranger à l’état, nous pouvions entrer si nous le désirions et apprendre tout ce qui la concernait ; elle consentait à nous instruire. Il n’y eut d’admis que madame de Senneval, madame de Blamont et moi, on ne crut pas décent d’y mener Aline. Heureux caractère qui modèle toujours ses désirs sur ses devoirs ! cette privation ne lui coûta rien, sa curiosité ne l’emporta pas sur sa pudeur… Eugénie lui tint compagnie. Nous entrâmes après quelques civilités de part et d’autres : tels furent, mon cher Valcour, les termes dans lesquels s’exprima notre aventurière.

Histoire de Sophie.


On me nomme. Sophie, madame, dit-elle, en s’adressant à madame de Blamont, mais je serais bien en peine de vous rendre compte de ma naissance, je ne connais que mon père, et j’ygnore les particularités qui ont pu me donner le jour. Je fus élevée dans le village de Berseuil, par la femme d’un vigneron qui se somme Isabeau, j’al-