Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/119

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Si tu tombes dans la disgrace, Sophie, souviens-toi de ta bonne mère Isabeau, tu trouveras toujours un morceau de pain chez elle ; s’il te coûte quelque peine à gagner, au moins tu le mangeras pur… il ne sera pas le prix de la honte… il ne sera pas arrosé des larmes du regret et du désespoir… Bonne femme, en voilà assez ce me semble, dit Delcour, en m’arrachant des bras de ma nourrice, cette scène de pleurs toute pathétique qu’elle puisse être, met du retard à nos désirs… partons… On m’enlève, on se précipite dans une berline qui fend l’air et nous rend à Paris le même soir.

Si j’avais eu un peu plus d’expérience, ce que je voyais, ce que j’entendais, ce que j’éprouvais, auraient dû me convaincre avant que d’arriver, que les devoirs que l’on me destinait étaient bien différens de ceux que je remplissais à Berseuil, qu’il entrait bien d’autres projets que ceux de servir une dame, dans la destination qui m’attendait, et qu’en un mot cette inno-