Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/123

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près de Chartres. Ce qui prouve, madame, que ces deux messieurs s’étaient réciproquement donné leurs deux filles pour maîtresses, sans que l’une de ces deux malheureuses créatures, connût mieux que l’autre la seconde partie des liens qui les attachaient à ces deux pères.

Vous me permettrez de taire, madame, les indécens détails, et de ce souper, et de l’affreuse nuit qui le suivit ; un autre sallon plus petit et plus artistement meublé, fût destiné à ces honteuses circonstances ; Rose et monsieur Delcour y passèrent avec nous ; celle-ci déjà au fait, n’opposa nuls refus, son exemple me fut proposé pour adoucir la rigueur des miens, et pour m’en faire sentir l’inutilite, on me fit craindre la force, si je m’avisais de les continuer… que vous dirai-je, madame, je frémis… je pleurai… rien n’arrêta ces monstres et mon innocence fut flétrie.

Vers les trois heures du matin les deux amis se séparèrent, chacun passa dans son appartement pour y finir le reste de la nuit,