Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/134

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elle-même, les préparatifs de son projet exigeaient des retards et tout ne put être arrangé qu’environ deux mois avant la fin de mon terme. L’instant était venu, elle allait s’évader, lorsqu’un jour, la veille de celui qu’elle avait choisi pour son départ, et la veille également de celui où j’ai eu le bonheur de vous rencontrer, pendant qu’elle montait dans sa chambre pour aller chercher quelque argent destiné au jardinier qui devait lui faire trouver un appartement tout prêt ; elle me pria de rester avec ce jeune homme qui pressé de sortir, paraissait ne vouloir point s’arrêter, et de l’engager d’attendre une minute…… Fatale époque de mon infortune ! ou plutôt de mon bonheur, puisque cette même circonstance fut celle qui m’enleva de ce gouffre ; mon sort voulut qu’il arriva pour lors ce qui n’était jamais arrivé depuis trois ans ; M. de Mirville entra seul et se trouva sur moi avant que j’eusse le temps de repousser le jeune homme pour le soustraire à ses regards, il s’évada cependant