Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/188

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vous laisser, et n’allez plus si tard courir les aventures. Peut-être n’en arriveraient-ils pas à madame de Blamont d’aussi agréables que celle-ci, je dis agréables puisqu’elle a développé pour elle une de ces occasions de faire du bien, toujours si recherchée de son cœur.

Oh mon ami ! où nous entraîne l’ivresse des passions ; ah ! si lorsqu’on commence à leur tout céder ; si, lorsqu’on fait le premier pas dans leur dangereuse carrière, on pouvait sentir avec quelle rapidité vont se franchir les seconds, et quel abyme est ouvert au dernier ! si l’on voyait l’imperceptible filiation de nos erreurs, comme toutes s’enchaînent, comme toutes naissent les unes des autres, comme la rupture du plus petit frein, conduit bientôt au brisement du plus sacré ! quel est l’homme qui ne frémirait pas ? quel est celui qui oserait se permettre le plus léger écart, quand il peut naître de cette première faute une habitude de tout vaincre, dont les dangers sont aussi manifestes. Je voudrais que tout