Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/240

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jamais l’homme sage ne place la sienne dans ce que les autres peuvent lui donner ou lui ravir au plus léger mouvement de leurs caprices ; il ne la met que dans lui-même, dans ses opinions, dans ses goûts, abstraction faite de toute considération ultérieure. Eh ! laissons-là toutes ces jouissances illusoires, croyez-moi, un époux riche, doux, complaisant, qui n’exige jamais que ce qu’on peut lui donner, qui fait grâce entière du métaphysique, voilà l’homme qui peut rendre une femme heureuse, s’il n’y réussit pas, mesdames, en vérité, je ne vois plus ce qu’il vous faut. Madame de Blamont, simplifions, monsieur, car vos analyses sont trop loin de nos principes, pour que nous puissions jamais nous accorder ; tenons-nous en donc au fait. Aline, croyez-vous que l’hymen que vous propose votre père, puisse vous rendre heureuse ? Aline, je suis si loin de le croire, que je demande pour toute grâce à mon père de me percer plutôt mille fois le cœur que de me captiver sous