Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/316

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ce qui concerne cette jeune personne, et cachera absolument son existence au reste entier de la terre. Mais je la verrai… cette chère enfant…, je le lui ai promis, elle me l’a demandée avec instance, elle m’a dit qu’elle renoncerait plutôt à tout le bien que je lui faisais qu’à cet engagement, elle m’a demandé la permission de m’écrire, et sur-tout de pouvoir faire passer quelque chose tous les ans sur sa pension à Isabeau. Ces deux demandes faisaient trop d’honneur à son ame tendre pour être refusées ; je les lui ai accordées de tout mon cœur, et nous nous sommes quittées… Quand elle m’a vue prête à ouvrir la porte du parloir…, son ame a éclatée, elle a jettée ses jolis bras au travers des grilles, elle a demandée avec instance la faveur de baiser encore une fois les mains de ses bienfaitrices : nous sommes revenues sur nos pas, et la douleur l’a suffoquée, en nous embrassant encore toutes deux…… Voilà donc l’être que le président accuse de fausseté, d’imposture et de crimes, ah ! puisse-t-il pour