Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/74

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feux de l’amour. Il est aussi impossible de cesser de vous aimer, qu’il l’est de se défendre de vous ; mon âme uniquement modifiée par les impressions de vos traits ne peut plus se soustraire à leur empire, et l’on m’arracherait plutôt mille fois la vie qu’on ne détruirait mon amour. J’attends mon arrêt et mon pardon… Aline, Aline, j’attends tout de votre pitié.

LETTRE SIXIÈME.


Aline à Valcour.


Ce 15 Juin.



O mon ami ! combien vos aveux me touchent ! Que votre constance m’est chère !… Moi, vous abandonner… vous délaisser, cruel !… Ah ! plus vous avez été malheureux, plus mon âme se livre au plaisir de vous aimer ! C’est moi, mon ami, c’est moi que le ciel choisit pour adoucir vos maux ; c’est par ma main qu’ils seront tous calmés… Ah ! Valcour ! combien vous me devenez cher