Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/92

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Elle me disait hier : Si votre père vous déshéritait, il ne pourrait pas vous enlever au moins cette petite terre ; elle est bien sûrement à vous, sans que jamais rien puisse vous en priver ; voilà pourquoi je l’arrange, pourquoi je la soigne et je l’embellis ; je veux qu’elle vous oblige à penser à moi quand je ne serai plus… et moi que cette idée trouble et désespère, moi qui ne peux l’admettre sans frémir… je me précipite dans ses bras, et je lui dis : maman, ne me parlez donc point ainsi, vous allez me faire mourir… et nos larmes coulent dans le sein l’une de l’autre, et nous nous jurons de nous aimer, et de ne mourir qu’ensemble… Eh bien, ne voilà-t-il pas ma gaîté qui me quitte, j’avais bien affaire aussi d’aller vous détailler ces circonstances… Adieu, aimez-moi et écrivez-nous.