Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nature, et qu’il n’y a pas sur la terre une seule modification dont elle ne retire un profit réel. — Eh quoi ! la plus mauvaise de toutes les actions la servirait donc autant que la meilleure ? — Assurément : l’homme vraiment sage doit tout voir du même œil ; il doit être convaincu de l’indifférence de l’un ou l’autre de ces modes, et n’adopter que celui des deux qui convient le mieux à sa conservation ou à ses intérêts ; et telle est la différence essentielle qui se trouve entre les vues de la nature et celles du particulier, que la première gagne presque toujours à ce qui nuit à l’autre ; que le vice devient utile à l’une, pendant que l’autre y trouve souvent sa ruine ; l’homme fait donc mal, si tu veux, en se livrant à la dépravation de ses mœurs ou à la perversité de ses inclinations ; mais le mal qu’il fait n’est que relatif au climat sous lequel il vit : juges-le d’après l’ordre général, il n’a fait qu’en accomplir les loix ; juges-le d’après lui-même, tu verras qu’il s’est délecté. — Ce systême anéantit toutes les vertus. — Mais