Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/117

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qu’une autre… Mais revenons : nous étions sortis pour politiquer, et tu m’ériges en moraliste, quand je ne dois être qu’instituteur.

Il y a long-tems, reprit Sarmiento, que les Portugais desirent d’être maîtres de ce royaume, afin que leurs colonies puissent se donner la main d’une côte à l’autre, et que rien, du Mosa Imbique à Binguelle, ne puisse arrêter leur commerce. Mais ces peuples-ci n’ont jamais voulu s’y prêter. — Pourquoi ne t’a-t-on pas chargé de la négociation, dis-je au Portugais ? — Moi ? Apprends à me connaître ; ne devines-tu pas à mes principes, que je n’ai jamais travaillé que pour moi : lorsque j’ai été conduit comme toi dans cet empire, j’étais exilé sur les côtes d’Afrique pour des malversations dans les mines de diamans de Rio-Janeïro, dont j’étais intendant ; j’avais, comme cela se pratique en Europe, préféré ma fortune à celle du roi ; j’étais devenu riche de plusieurs millions ; je les dépensais dans le luxe et l’abondance : on m’a