Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/136

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ces choses-là que je ne trouve simple, me répondit Sarmiento. — Homme dissolu ! — Tu m’invectives à tort ; n’est-il pas naturel de chercher à multiplier ses jouissances ? Quelque belle que soit une femme, quelque passionné que l’on en soit, il est impossible de ne pas être fait, au bout de quinze jours, à la monotonie de ses traits, et comment ce qu’on sait par cœur, peut-il enflammer les désirs ?… Leur irritation n’est-elle pas bien plus sûre, quand les objets qui les excitent, varient sans cesse autour de vous ? Où vous n’avez qu’une sensation, l’homme qui change ou qui multiplie en éprouve mille. Dès que le désir n’est que l’effet de l’irritation causée par le choc des atômes de la beauté, sur les esprits animaux,[1]que la vibration

  1. On appelle Esprits animaux, ce fluide électrique qui circule dans les cavités de nos nerfs ; il n’est aucune de nos sensations, qui ne naisse de l’ébranlement causé à ce fluide ; il est le siège de la douleur et du plaisir ; c’est, en un mot, la seule âme admise par les philosophes modernes. Lucrèce eut bien