Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/144

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maintenait l’ordre général ; quelle nécessité d’être vertueux, me suis-je dit, dès que le mal sert autant que le bien ? Tout ce que crée la nature, n’est pas utile, en ne considérant que nous ; cependant tout est nécessaire ; il est donc tout simple que je sois méchant, relativement à mes semblables, sans cesser d’être bon à ses yeux : pourquoi m’inquiéterai-je alors ? — Eh ! n’as-tu pas toujours les hommes, qui te puniront de les outrager. — Qui les craint, ne jouit pas. — Qui les brave, est sûr de les irriter, et comme l’intérêt général combat toujours l’intérêt particulier, celui qui sacrifie tout à soi, celui qui manque à ce qu’il doit aux autres, pour n’écouter que ce qui le flatte, doit nécessairement succomber, il ne doit trouver que des écueils. — Le politique les évite, le sage apprend à ne les pas craindre. Mets la main sur ce cœur, mon ami ; il y a cinquante ans que le vice y règne, et vois pourtant comme il est calme. — Ce calme pervers est le fruit de l’habitude