Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/153

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perdre la vie, au plus léger caprice de ces tyrans ; le sort des bêtes féroces est sans doute préférable au leur.

L’ancien gouvernement féodal de Pologne peut seul donner l’idée de celui-ci ; le royaume est divisé en dix-huit petites provinces, représentant nos grandes terres seigneuriales, en Europe ; chaque gouvernement a un chef qui habite le district, et qui y jouit à-peu-près de la même autorité que le roi. Ses sujets lui sont immédiatement soumis ; il peut en disposer à son gré. Ce n’est pas qu’il n’y ait des loix dans ce royaume : peut-être même y sont-elles trop abondantes ; mais elles ne tendent, toutes, qu’à soumettre le faible au fort, et qu’à maintenir le despotisme, ce qui rend le peuple d’autant plus malheureux, que, quoiqu’il puisse réversiblement exercer le même despotisme dans sa maison, il n’est pourtant dans le fait, absolument le maître de rien. Il n’a que sa nourriture et celle de sa famille, sur la terre qu’il herse à la sueur de son corps. Tout le