Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/172

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entière, en lui rendant l’honneur de ses premières créations, lui ferait reprendre des droits, que sa tolérance nous cède. Le voilà donc, ce vice dangereux… ce vice épouvantable contre lequel s’arment imbécilement les loix et la société, le voilà donc démontré utile à l’État et à la nature, puisqu’il rend à l’un son énergie, en lui ôtant ce qu’il a de trop, et à l’autre sa puissance, en lui laissant l’exercice de ses premières opérations. Eh ! si ce penchant n’était pas naturel, en recevrait-on les impressions, dès l’enfance ? ne céderait-il pas aux efforts de ceux qui dirigent ce premier âge de l’homme. Qu’on examine pourtant dans les êtres qui en sont empreints ; il se développe, malgré toutes les digues qu’on lui oppose ; il se fortifie avec les années ; il résiste aux avis, aux sollicitations, aux terreurs d’une vie à venir, aux punitions, aux mépris, aux plus piquans attraits de l’autre sexe ; est-ce donc l’ouvrage de la dépravation, qu’un goût qui s’annonce ainsi, et que veut-on qu’il soit, si ce n’est l’inspiration la