Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/174

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Cesse donc de te récrier contre le plus simple des travers, contre une fantaisie où l’homme est entraîné par mille causes physiques que rien ne peut changer ni détruire, contre une habitude enfin, que l’on tient de la nature, qui la sert, qui sert à l’État, qui ne fait aucun tort à la société, qui ne trouve d’antagonistes que parmi le sexe, dont elle abjure le culte, raison trop faible, sans doute, pour lui dresser des échafauds. Si tu ne veux pas imiter les philosophes de la Grèce, respecte au moins leurs opinions : Lycurgue et Solon armèrent-ils Thémis contre ces infortunés ? Bien plus adroits, sans doute, ils tournèrent au bien et à la gloire de la patrie le vice qu’ils y trouvèrent règnant. Ils en profiterent pour allumer le patriotisme dans l’ame de leurs compatriotes : c’était dans le fameux bataillon des amans et des aimés[1] que résidait la valeur de l’État. N’imagine donc pas que ce qui

  1. Voyez Plutarque, Vie de Solon et de Lycurgue.