Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/184

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quence, en faveur de la tyrannie, de toutes les horreurs que nous montre ce peuple ; l’homme se corrompt dans le sein même de la nature, parce qu’il naît avec des passions dont les effets font frémir toutes les fois que la civilisation ne les enchaîne pas. Mais conclure de là que c’est chez l’homme sauvage et agreste qu’il faut se choisir des modèles, ou reconnaître les véritables inspirations de la nature, serait avancer une opinion fausse : la distance de l’homme à la nature est égale, puisqu’il peut être aussi-tôt corrompu par ses passions, dès le berceau de cette nature, que dans son plus grand éloignement. C’est donc dans le calme qu’il faut juger l’homme, ou dans l’état tranquille où le mettent à la longue les digues de ses passions élevées par le législateur qui le civilise. — Je poursuivrai, reprit Sarmiento, car il faudrait, sans cela, discuter si cette main qui élève des digues, a réellement le droit de les édifier ; si c’est un bonheur qu’elle l’entreprenne, si les passions qu’elle veut subjug-