Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/20

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trouver sensible ; mais comment faire pour me servir, elle en ignorait les moyens. — L’amour me les suggère, lui dis-je, et je vais vous les indiquer… Vous savez que je ne suis pas mal en fille ; je me déguiserai de cette manière ; vous me ferez passer pour une parente qui vient vous voir de quelques provinces éloignées ; vous demanderez la permission de me faire entrer quelques jours dans votre Couvent… Vous l’obtiendrez. — Je verrai Léonore, et je serai le plus heureux des hommes.

Ce plan hardi parut d’abord impossible à ma tante ; elle y voyait cent difficultés ; mais son esprit ne lui en dictait pas une, que mon cœur, ne la détruisît à l’instant, et je parvins à la déterminer.

Ce projet adopté, le secret juré de part et d’autre, je déclarai à mon père que j’allais m’exiler, puisqu’il l’exigeait, et que, quelque dur que fût pour moi l’ordre où il me forçait de me soumettre, je le préférais sans doute au mariage de mademoiselle de Vitri. J’essuyai encore quelques