Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/225

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unanimement reconnu pour ne pouvoir appartenir qu’à l’épouse du lieutenant de la Découverte. Je me crus donc perdu sans ressource, et mon malheur s’offrit à moi sous des faces si odieuses, que je ne vis même rien, qui pût en adoucir l’horreur ; j’avais bien voulu douter que le ciel pût mettre Léonore entre mes mains, chez le roi de Butua ; là, je m’aveuglais sur un fait qui n’était que trop sûr, et lorsque tout ici pouvait me prouver l’impossibilité de mes craintes, si j’avais mieux examiné les choses. Je croyais tout aveuglément ; je n’avais point eu de nouvelles de Léonore, depuis Salé ; il était possible, ou qu’elle eût passé de-là, dans quelques colonies anglaises, ou qu’au lieu de venir en Afrique, comme on le croyait, elle eût été à Londres : on peut indifféremment de Salé, parvenir à l’un ou à l’autre de ces points, moyennant quoi, rien de plus simple, en admettant l’inconstance de celle que j’adorais ; rien de plus naturel, qu’elle eût épousé le lieu-