Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/304

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la puissance suprême, ni à moi, d’oser punir l’homme d’être ce qu’il faut nécessairement qu’il soit. Je dois mettre tous les moyens en usage pour tâcher de le rendre aussi bon qu’il peut l’être, aucuns pour le punir de n’être pas comme il faudrait qu’il fût. Je dois l’éclairer, tout homme a ce droit avec ses semblables ; mais il n’appartient à personne de vouloir régler les actions des autres. Le bonheur du peuple est le premier devoir que m’impose la volonté de l’Éternel, et je n’y travaille pas en l’égorgeant. Je veux bien donner mon sang pour épargner le sien, mais je ne veux pas qu’il en perde une goute pour ses faiblesses ou pour mes intérêts. Si on l’attaque, il se défendra, et si son sang coule alors, ce sera pour la seule défense de ses foyers et non pour mon ambition. La nature l’afflige déjà d’assez de maux, sans que j’en accumule que je n’ai nuls droits de lui imposer. J’ai reçu de Dieu et de ces honnêtes citoyens, le pouvoir de leur être utile, je n’ai pas eu celui de les affliger. Je serai