Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/31

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pour une jeune personne presque nue, qu’on lui remettrait, et de l’emmener aussi-tôt à l’auberge où nous étions descendus, de demander des chevaux de poste pour neuf heures précises du matin ; que je serais sans faute de retour à cette heure, et que nous partirions de suite.

Tout allant à merveille de ce côté, je ne m’occupai plus que des projets intérieurs ; c’est-à-dire des plus difficiles, sans doute.

Léonore prétexta un mal de tête, afin d’avoir le droit de se retirer de meilleure heure, et dès qu’on la crut couchée, elle sortit, et vint me trouver dans la chapelle, où j’avais l’air d’être en méditation. Elle s’y mit comme moi ; nous laissames étendre toutes les nonnes sur leurs saintes couches, et dès que nous les supposames ensevelies dans les bras du sommeil, nous commençames à briser et à réduire en poudre la miraculeuse statue, ce qui nous fut fort aisé, vu l’état dans lequel elle était. J’avais un grand sac, tout prêt, au fond duquel étaient placées quelques grosses