Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/39

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si quelque ville dans le monde est digne de ce titre, ce n’est assurément pas celle-là, à moins qu’on ne l’accorde à l’État que caractérise la plus affreuse oppression du peuple, et la plus cruelle tyrannie des grands.

Nous nous étions logés à Venise sur le grand canal, chez un nommé Antonio, qui tient un assez bon logis, aux armes de France, près le pont de Rialto ; et depuis trois mois, uniquement occupés de visiter les beautés de cette ville flottante, nous n’avions encore songé qu’aux plaisirs ; hélas ! l’instant de la douleur arrivait, et nous ne nous en doutions point. La foudre grondait déjà sur nos têtes, quand nous ne croyions marcher que sur des fleurs.

Venise est entourée d’une grande quantité d’isles charmantes, dans lesquelles le citadin aquatique quittant ses lagunes empestées, va respirer de tems en tems quelques atômes un peu moins mal sains. Fidèles imitateurs de cette conduite, et l’isle de Malamoco plus agréable, plus fraîche qu’aucune de