Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/396

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à établir qu’il faille qu’un individu soit plus heureux que l’autre ; mais la peine est alors portée contre l’infracteur de la loi qui établissait l’équilibre, et de ce moment elle est juste.

Il est parfaitement égal, en un mot, qu’un membre de la société soit plus heureux qu’un autre ; ce qui est essentiel au bonheur général, c’est que tous deux soient aussi heureux qu’ils peuvent l’être ; ainsi, le législateur ne doit pas punir l’un, de ce qu’il cherche à se rendre heureux aux dépens de l’autre, parce que l’homme, en cela, ne fait que suivre l’intention de la nature ; mais il doit examiner si l’un de ces hommes ne sera pas également heureux, en cédant une légère portion de sa félicité à celui qui est tout-à-fait à plaindre ; et si cela est, le législateur doit établir l’égalité autant qu’il est possible, et condamner le plus heureux à remettre l’autre dans une situation moins triste que celle qui l’a forcé au crime.