Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/42

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encore, au bruit des premiers coups de rames, et rentre à mes yeux, dans le jardin. Qui m’eût dit, que tel était l’instant qui allait nous séparer ! et que dans un océan d’infortune, allaient s’abîmer nos plaisirs… Eh quoi, interrompit ici madame de Blamont ; vous ne faites donc que de vous réunir ? Il n’y a que trois semaines que nous le sommes, madame, répondit Sainville, quoiqu’il y ait trois ans que nous ayons quitté notre patrie. — Poursuivez, poursuivez, Monsieur ; cette catastrophe annonce deux histoires, qui promettent bien de l’intérêt.

Ma course ne fut pas longue, reprit Sainville ; les pleurs de Léonore m’avaient tellement inquiété, qu’il me fut impossible de prendre aucun plaisir à l’examen que j’étais allé faire. Uniquement occupé de ce cher objet de mon cœur, je ne songeais plus qu’à venir la rejoindre. Nous atteignons le rivage…… Je m’élance…… Je vole au jardin…, et au lieu de Léonore, la veuve, la maîtresse du logis se