Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/420

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homme ; ces moyens donnent des hypocrites et des scélérats ; ils n’ont jamais fait naître une vertu. Les époux de ces femmes, quoiqu’absens, sont les amis de ces jeunes gens ; ils sont heureux avec leurs femmes ; ils les adorent, elles sont de leur choix, pourquoi voudriez-vous que ceux-ci, qui ont également des femmes qu’ils aiment, allassent troubler la félicité de leurs frères ? Ils se feroient à-la-fois trois ennemis : la femme qu’ils attaqueraient, la leur qu’ils plongeraient dans le désespoir, et leurs amis qu’ils outrageraient. J’ai fait entrer ces principes dans l’éducation ; ils les sucent avec le lait ; je les meus dans leurs cœurs par les grands ressorts du sentiment et de la délicatesse. Qu’y feraient de plus la religion et les loix ? Une de vos chimères à vous autres Européens, est d’imaginer que l’homme, semblable à la bête féroce, ne se conduit jamais qu’avec des chaînes ; aussi êtes-vous parvenus, au moyen de ces effrayans systêmes, à le rendre aussi méchant qu’il peut l’être, en ajoutant au desir